Odet, miroir et reflets..
Au détour d'un caprice sinueux de l'Odet, une crique de vase molle. Ici l'eau noire, agitée de remous verdâtres tire sur les chaînes et fait tourner sur eux mêmes les plus sages des navires. Celui ci ne l'est pas.Est-il encore voilier ?
abandonné,dématé, à l'ombre des châtaigniers, il vire sur lui même. Depuis quand ? L a coque violine, passée, ne prétend plus rien. La cabine, curieusement décorée d'un dauphin percé dans le contre plaqué, donne à cette silhouette
la cicatrice d'un rêve décalé, aujourd'hui laissé, perdu, oublié? Intact, à la poupe,
le nom du voilier ou plutôt le prénom se répète dans l'eau. Celui-ci rappelle
à ma mémoire un jeune homme breton dont la présence aujourd'hui est comme ces reflets, appelée à surgir uniquement dans les songes, vibrante et inachevée
comme ce rêve de voyage qui tourne sur sa chaine dans un méandre de l'Odet.