Dar Dar, chacun son rêve.
"J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteurs de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais".
Embarquement concentré des cadets sur une passerelle incertaine
sous le regard ému des soeurs, des frères,
des fiancées, des mères, des pères.
Soudain plongé dans un autre temps face à ce vaisseau
il semble effleurer l'ambiance particulière
des quais avant les grandes traversées.
Ce mystère, ces rituels qui organisent et ordonnent
les pas de chacun.
Triste ou gai, chacun sourit,
évite ou affronte cet instant qui précède la séparation.
jusqu'au moment du dernier salut
lui aussi protocolaire, organisé.
Il n'y a pas de pathos, d'émotion,
il y a une organisation maitrisée,
des rôles à tenir dès aujourd'hui.
les amarres s'enfoncent dans l'Escaut
avant que le Dar Mlodziezy ne laisse entrevoir sa poupe
en s'éloignant du pavé.
Le crépuscule déjà là, accompagne la silhouette sombre,
les ohé des cadets saluent leurs parents comme un murmure,
une onde au milieu de laquelle personne ne reconnait vraiment
son enfant qui se rêve officier
mais silencieusement, chacun sur la rive, les adopte tous.
Dernier soupir avant la nuit de ceux
qui pensent ne jamais vouloir se quitter.
mais qui sait vraiment à quoi chacun rêve ?