l'Anvers du décor.

Publié le par Jissey.Moro

 

 

Arpenter de nouveau la ville. S'imprégner du décor. Tenter de lire la vie des hommes à l'Anvers... L'illisible, l'indicible, interroger les signes. Les langues d'avant s'enfuient déjà des mémoires, les tombes des grandeurs passées sont piétinées, les épitaphes intraduisibles, alphabet gravé sur du vide. Ne pas chercher à comprendre. Réunir seulement ce qui fait signe. Fixer aujourd'hui ces traces  d'hommes conjuguées à tous les temps. Messages laissés sur tous les supports. Communication par l'image, la couleur, le post-it, le sticker,
Rubens ou monsieur Van Damme. Chacun s'exprime à sa façon lance son galet dans l'eau froide. Recherche de singularité, de communauté. Les vélos possèdent leur langage Tout le monde circule à bicyclette, mais chacun veut reconnaître la sienne. La nuit, les poteaux, les tuyaux, les briques nues  deviennent support d'autres messages, d'autres cris, que d'aucune le jour venu, rasant les murs, fuit, , traverse avec indifférence.
Pénétrer la cathédrale d'Anvers pour chercher d'autres traces, d'autre signes, d'un autre temps..
Et là... Stop. Un instant... Oublier face à ces toiles immenses
les croyances, les religions et leurs dérives. Oublier qu'il s'agit pour certains du Fils de Dieu ? Regarder de plus près le travail du peintre qui raconte l'histoire d'un homme parmi les hommes. S'arrêter sur les détails, la représentation
de la violence que des hommes sont capables d'infliger à d'autres hommes.
Point par point. poing par poing, pour peu qu'ils se sentent dédouannés de leurs responsabilités. Affligeante force brutale conjuguée
  pour dresser une croix, un bucher. En face, la délicatesse de quelques mains unies pour déposer le corps.. après le martyr... Ce témoignage d'une époque rappelle violemment  la cruauté que nous portons tous en nous. L'application maniaque du peintre dans la représentation de la chair blessée,
humiliée, le linceul souillé de sang, la juxtaposition du bras mort du crucifié
à celui vivant et rouge de l'homme qui le dépose. Puissance incontestable de ces tableaux immenses âgé de plus de trois cents ans.
Les femmes, ici trouvent encore leur rôle et leur place dans les larmes qu'elles versent 
en accueillant la dépouille accouchée par la haine..Le bien comme le mal sont représentés partout.
Ce combat acharné entre les deux faces de notre   trouve autant dans les églises que sur les murs de la ville.
Inquiétude séculaire de l'humanité.Qu'en ferons nous donc ? 
Reprendre ses ailes pour croiser d'autres traces des hommes sous forme d'énigmatiques sculptures, boudeuses, bleues, répétitives, prisonnières de leur vitrine.
Puis des silhouettes de femmes enlacées célèbrent un amour fusionnel et déchiré; couleur de cendre, couleur de terre.Courbes lacérées, crânes évidés
Corps tendus vers le ciel au dessus d'une surface liquide, limpide,

 frissonnant sous le soleil de novembre. le désir des corps est-il toujours souffrance ? les corps souffrent ici comme ils souffraient là. Toujours trop.
Retour vers la cathédrale d'Anvers. J'aime dans ce dernier chef d'oeuvre 
la délicatesse du voile qui protège le sexe du crucifié des regards, j'aime que les mains qui se joignent ou apaisent la douleu
r de cet homme soient emmêlées dans les cheveux de la femme j'aime que les ongles de ces femmes ne soient pas tout à fait propres ni aseptisées, ni stériles...


 

 

 



 

 

 

 

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